FSE #7: Le regard (et les commentaires) des autres

Djeha-Hoja, son fils et l’âne
Djeha-Hoja dit un jour à son fils, alors qu’il atteignait sa douzième année :
- Demain, tu viendras avec moi au marché.
Tôt le matin, ils quittèrent la maison. Djeha-Hoja s’installa sur le dos de l’âne, son fils marchant à côté de lui. A l’entrée de la place du marché, Djeha-Hoja et de son fils furent l’objet de railleries acerbes :
- Regardez-moi cet homme, il n’a aucune pitié ! Il est confortablement assis sur le dos de son âne et il laisse son jeune fils marcher à pied.
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras encore avec moi au marché !
Le deuxième jour, Djeha-Hoja et son fils firent le contraire de la veille : le fils monta sur le dos de l’âne et Djeha-Hoja marcha à côté de lui. A l’entrée de la place, les mêmes hommes étaient là, qui s’écrièrent
- Regardez cet enfant, il n’a aucune éducation, aucun respect envers ses parents. Il est assis tranquillement sur le dos de l’âne, alors que son père, le pauvre vieux, est obligé de marcher à pied !
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras de nouveau avec moi au marché !
Le troisième jour, Djeha-Hoja et son fils sortirent de la maison à pied en tirant l’âne derrière eux, et c’est ainsi qu’ils arrivèrent sur la place. Les hommes se moquèrent d’eux :
- Regardez ces deux idiots, ils ont un âne et ils n’en profitent même pas. Ils marchent à pied sans savoir que l’âne est fait pour porter des hommes.
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras avec moi au marché !
Le quatrième jour, lorsque Djeha-Hoja et son fils quittèrent la maison, ils étaient tous les deux juchés sur le dos de l’âne. A l’entrée de la place, les hommes laissèrent éclater leur indignation :
- Regardez ces deux-là, ils n’ont aucune pitié pour cette pauvre bête !
Djeha-Hoja dit à son fils :
- As-tu bien entendu ? Demain tu viendras avec moi au marché !
Le cinquième jour, Djeha-Hoja et son fils arrivèrent au marché portant l’âne sur leurs épaules. Les hommes éclatèrent de rire :
- Regardez ces deux fous, il faut les enfermer. Ce sont eux qui portent l’âne au lieu de monter sur son dos.
Et Djeha-Hoja dit à son fils ;
- As-tu bien entendu ? Quoi que tu fasses dans ta vie, les gens trouveront toujours à redire et à critiquer.

Il en va de l'instruction en famille, comme tout dans la vie, mieux vaut ne pas se soucier du regard des autres...

Le plus important à mon avis est le regard que JE porte sur moi-même: je m'efforce de ne pas me juger trop durement, d'accepter de ne pas être parfaite, malgré mes bonnes intentions, mon idéalisme et mon (très) grand sens de l'abnégation.

Comments

[béné]

à toutes: merci pour vos commentaires :-)) isableue: j'ai lu ta participation, je comprends que ce conte t'ait interpellée!
mémère: je crois avoir déjà lu une autre version du conte avec des gens différents... sinon, c'est une simplification pour reprendre le shéma "village", où tout le monde se connaissait à l'origine. Mais t'as raison, on s'en fout
lol ;-)
bises à vous!!!

[mémère]

Je connaissais ce conte, moi franchement il me met mal à l'aise. C'est vrai que quoi qu'on fasse il y a toujours des gens à qui ça ne conviendra pas, mais là c'est TOUJOURS LES MEMES !!!
Oui bon de toutes façons, on s'en fout ;-)

[Lap'titeNénette]

Excellent choix que ce conte pour illustrer le sujet du mois!Je ne le connaissais pas mais je le garde sous le coude. Merci ;-)

[Isableue]

Merci pour ce conte, il est le reflet exact de ce que nous pouvons vivre chaque jour lorsque nous faisons un choix !

[lysalys]

Un petit conte que je connaissais déjà, un petit conte que j'ai lu avec mes enfants et qui d'ailleurs leur a aussi permis à ce moment là de s'affranchir un peu de ce regard des autres, un regard qui sera toujours différent.
Un conte qui vient bien à propos. ;)